Les Principaux Arguments de la Controverse
Dans cette partie nous allons vous présenter quelques arguments qui vous permettront de mieux comprendre la controverse
Argument n°1-: Santé : Les modifications génétiques, tel Crispr cas9, pourraient
éradiquer plusieurs maladies graves:
-He Jiankui, chercheur de la Southern University of Shenzhen a tenté CRISPR CAS9 sur 2 embryons afin de les immuniser contre le VIH que leur père possède. Il justifiait cette expérience par la nécessité d’immuniser de futurs enfants contre le VIH responsable du sida, lorsqu’au moins un des parents est séropositif. Résultat, les 2 jumelles qui sont nées, n’étaient à la suite plus porteuse de la maladie selon lui.
- un chercheur universitaire russe, directeur du laboratoire de génétique dans un centre d’obstétrique moscovite, a annoncé à la revue scientifique Nature qu’il souhaitait modifier les embryons de femmes séropositives. Pour lui, c’est un moyen de protéger leurs futurs bébés contre le VIH, en provoquant une mutation génétique protectrice. Le chercheur russe soutient avoir mis au point une technique sûre, qui n'abîme pas d’autres gènes au passage.
- Dans une étude publiée dans la revue Nature en août dernier, des chercheurs de l'Université de Portland, dans l'Oregon, révélaient être parvenus à corriger des gènes porteurs de cardiomyopathie hypertrophique, une déformation cardiaque grave, responsable de mort subite.
Argument n°2 : Santé : ces modifications pourraient entraîner des mutations génétiques dangereuses, avec des répercussions irrémédiables :
« La modification du génome des embryons se fera sans doute un jour pour prévenir la venue au monde d’enfants atteints de maladies génétiques sévères, mais il est actuellement trop tôt. »
Dr Jacques P . Tremblay chercheur en médecine moléculaire de l’Université Laval, 17/06/19 , pour le journal LaPresse
-Pour certains scientifiques tel que Le Dr Jacques P. Tremblay, cette pratique de modifications génétiques au stade embryonnaire représente trop de risques. Selon lui, les « effets hors cible » peuvent causer de « nouvelles maladies héréditaires qui pourraient être sévères », (LaPresse,17/06/19) . Pire encore, toute anomalie génétique induite au stade embryonnaire peut être transmise de génération en génération. Ce qui pourrait mettre en péril l’espèce humaine d’après lui.
- 2 scientifiques de Berkeley, aux Etats Unis, qui sont Xinzhu Wei et Rasmus Nielsen ont mis en garde contre les effets possibles d’une utilisation de CRISPR-Cas9 sur le reste du code génétique. Dans la revue Nature, ils ont expliqué que cette modification pouvait empêcher d’autres systèmes protecteurs de fonctionner correctement. Ils évoquent le cas du cancer de
l’œil mais aussi l’augmentation du risque de mourir de la grippe en cas de mutation du gène CCR5.
-Les manipulations du génome sont complexes à réaliser et donc potentiellement dangereuse : « L'autisme ou la schizophrénie, par exemple, ont des composantes héréditaires, mais impliquent des centaines de gènes, » explique le professeur Ernst-Ludwig Winnacker dans un entretien accordé au site internet de Bayer le 2 avril 2020 : « Cette interconnexion demeure incomprise. Personne ne peut prédire avec certitude ce qui se passera si nous modifions le génome. Les expériences dans le domaine de la lignée germinale sont donc dangereuses. ». Par ailleurs, Bayer effectue un parallèle avec les modifications génétiques des cellules somatiques : « Bien que la correction des cellules somatiques soit également complexe, elle peut être réalisée par étapes, et permet aux médecins de prendre encomptelesexpressions génétiquesimprévues etdelescorriger.Cesoptionsn’existentpas dans la correction de la lignée germinale ». « si l’on corrige la lignée germinale, les héritiers de ces gènes ne pourront pas faire marche arrière ». Mr Winnacker confirme : « Il n’est pas question d’étapes dans le domaine de la reproduction. La seule étape est un bébé. »
Argument n°3 : médical : Ils existent des alternatives, plus sûr et moins contraignantes :
-Pour certains scientifiques, dont Alain Fischer, il y a des techniques plus sur qui existent déjà pour soigner les maladies graves. Ils doutent de l'intérêt d'intervenir au stade embryonnaire: « S'il y a un intérêt apparent à traiter un embryon pour qu'il naisse guéri, opérer une sélection des embryons sains avant de les implanter est plus simple encore », (L’express, 18/01/18) selon le professeur Fischer. Si aucun des embryons n'est sain il explique que "Même si c'est contraignant pour les femmes, il est possible de recommencer." Et lorsque les deux parents sont porteurs de cette anomalie, il affirme que l’ « On peut toujours avoir recours au don de sperme ou d'ovocytes" ce qui limite l'intérêt des modifications génétiques.
De plus, selon lui, les modifications génétiques sont contraignantes car elles impliquent le suivi des personnes issues des embryons modifiés, et de leur descendance, pour s'assurer de leur bonne santé. "Une modification, même subtile, du génome pourrait avoir un impact médical: le seul moyen de le savoir serait d'observer ces personnes sur plusieurs générations".
Selon Alain Fischer, « on peut tester les embryons grâce au diagnostic pré-implantatoire (DPI) pour connaître le statut de ces embryons et savoir s’ils portent la mutation ou pas. »(site Lavie.fr, 11/08/17). Un embryon non muté (donc sain) sera implanté dans l’utérus de la mère en vue d’une grossesse. Il affirme que la méthode crispr-cas9 n’est pas aussi efficace : « La méthode CRISPR – qui passe aussi par une fécondation in vitro puis par un DPI – permet seulement d’augmenter le nombre d’embryons normaux non mutés. Le bénéfice qu’apporterait cette approche est donc pour le moment extrêmement limité. »
Jacques Testart est du même avis : « S'il s'agit d'éviter des pathologies, le tri des embryons par DPI est plus simple et efficace. Or CRISPR exige de passer par le DPI mais en prétendant faire mieux. ». Utiliser crisprcas9 est donc selon lui, à éviter, car le principe est déjà plus ou moins exploité, et de manière plus sûr. (site Lavie.fr, 11/08/17).